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Histoire du site

Publication : (actualisé le ) par Jérôme MONTES

Sommaire :

  1. De la Villa Mélesville au Val Flory
  2. Les propriétaires successifs, des personnalités influentes
  3. L’époque contemporaine
  4. Naissance de l’Internat de la Réussite

     

    De la Villa Mélesville au Val Flory Haut de page

Déjà au milieu du XVIIe siècle, cette vaste propriété existait avant même la construction du château royal de Marly par Louis XIV. Elle appartenait aux Milon et Troncon, ce dernier étant seigneur de Maintenon. Le château actuel du domaine du Val Flory aurait été construit au début du XIXe siècle. Les archives n’ont pas encore révélé le propriétaire de cette époque.

Le château du Val Flory en 1914

A partir de 1840, vint s’y installer la famille Duveyrier qui eut, en son temps, plusieurs représentants célèbres.

Portrait de 1839 d’Anne-Honoré-Joseph Duveyrier, dit Mélesville


 Tout d’abord, Anne-Honoré-Joseph Duveyrier, dit Mélesville, né à Paris le 13 décembre 1787 et mort à Marly-le-Roi le 7 novembre 1865, fils d’un magistrat montpelliérain et ayant débuté lui-même avec succès au barreau et dans la magistrature. Il se démit en 1814 de ses fonctions et se consacra totalement à l’écriture. Il prit, par égard pour la situation de son père, le pseudonyme de Mélesville, qu’il garda toute sa vie, du nom d’une propriété familiale en Beauce. Il exerça ses talents littéraires dans tous les genres : drames, mélodrames, comédies, vaudevilles, librettos d’opéras et collabora particulièrement avec Eugène Scribe pour quelques uns de ses succès. Son œuvre littéraire compte plus de 340 pièces, écrites seul ou en collaboration.
 Son demi-frère Charles Duveyrier (1803-1866), qui vivait aussi à Marly, s’était associé plusieurs fois à son frère à une même collaboration littéraire et à ses succès ; mais il est surtout connu comme l’un des plus fervents adeptes et propagateurs des doctrines saint-simoniennes.
 Le neveu, Henri Duveyrier (1840-1892), fils de Charles, se distingua, lui, comme un tout premier explorateur et géographe du Sahara et du Maghreb. Après des aventures particulièrement dangereuses sur place, entre les âges de 17 et 22 ans, il publia à 24 ans Les Touaregs du Nord, qui lui valut la grande médaille d’or de la « Société de géographie », dont il devient un peu plus tard le président. Il fut aussi l’ami de Charles de Foucault, pour lequel il organisa son voyage au Maroc.

C’est de cette longue occupation de la propriété par les Duveyrier-Mélesville que sera conservé tout au long du XIXe siècle le nom de Villa Mélesville.

 

Les deux propriétaires suivants furent aussi des personnalités influentes Haut de page

 C’est en 1893 que les archives communales révèlent le propriétaire du moment, Théophile Delcassé (1852-1923). Après des débuts dans le journalisme, il se lança dans une brillante carrière politique qui le porta cette même année aux fonctions de sous-secrétaire d’État aux Colonies avant d’être nommé l’année suivante ministre des Colonies, puis ministre des Affaires étrangères de 1898 à 1905, reconduit dans ces fonctions sous six gouvernements successifs ! C’est durant cette période qu’il est propriétaire de la Villa Mélesville qu’il loue à des familles bourgeoises et dont la gestion est confié à son neveu Eugène Petit. Mais la villa sera finalement cédée en janvier 1896 au comte Bobrinski.
 Alexeï Alexandrovitch Bobrinski (1852-1927) est issu d’une branche illégitime de la famille impériale russe, descendant par son père de l’union de Catherine II et de Grigori Orlov. Il ne conserva la Villa Mélesville que deux années car, homme politique dans son pays et étant devenu sénateur à la Douma cette même année, il n’en eut plus l’usage. Bobrinski, au moment de la révolution bolchévique, occupait le poste de ministre de l’agriculture. Il fuit alors la Russie et s’exila dans le midi de la France en 1919.
 Il avait vendu la propriété en 1898 à Willy Blumenthal (né le 11 octobre 1845 à Francfort-sur-le-Main et mort en 1936 à Paris), riche industriel d’origine juive allemande, qui était venu s’installer en France dès avant la guerre de 1870. C’est lui qui changea le nom de la propriété en francisant son nom – Blumen : fleur, thal : vallée - ce qui donna Le Val Flory.

Ses deux fils, Jacques et Charles, s’engagèrent dans l’armée française durant la Grande guerre. Jacques fut tué au champ d’Honneur le 25 juin 1915 et Charles la termina avec le grade de lieutenant-colonel. Dès avant la guerre, Willy Blumenthal, patron philanthrope, avait créé une société coopérative « d’habitations à bon marché » qui fit construire à Épinay-sur-Seine une « cité-jardin » de 173 lots en location-vente pour les ouvriers de ses tanneries installées à Saint-Denis. Après guerre, la Fondation Blumenthal y faisait construire deux immeubles collectifs comportant 34 logements et un équipement collectif constitué de bains-douches, d’une pouponnière, d’une halte-garderie, d’un dispensaire, d’une salle des fêtes, de commerces et d’un bureau de Poste en rez-de-chaussée.
Entrée du val Flory en 1908
Le passage à niveau en 1910
A Marly, en 1920, Willy Blumenthal renouvela cette expérience de cité-jardin en créant la Cité Jacques Blumenthal, au nom de son fils tué à la guerre, petite cité ouvrière en contrebas du viaduc de chemin-de-fer. Il fut aussi conseiller municipal et offrit à la ville le terrain nécessaire à la construction de « l’école du Centre », actuelle école Schweitzer, et fut un grand donateur pour le Bureau de bienfaisance. Grand mécène aussi, il recevait au Val Flory tout le Paris littéraire et artistique de son époque. A sa mort, le Val Flory fut mis en vente, mais sans succès.

 

L’époque contemporaine Haut de page

Par la loi du 3 octobre 1940, le domaine de près de 9 hectares fut saisi comme « bien juif » par le régime de Vichy et affecté comme Centre de formation de cadres pour les centres ruraux de la jeunesse, qui entrait dans tout un maillage du territoire par des écoles de formation de cadres de jeunesse en zone occupée qui avait aussi son pendant en zone libre. La plus célèbre de ces écoles fut celle d’Uriage, près de Grenoble.

A la Libération, une ordonnance du 31 mars 1945 prévoit l’ouverture de dix-huit « centres d’éducation populaire » dont celui du Val Flory. Par décret du 17 octobre 1945 est créé le Centre national d’éducation populaire de Marly-le-Roi. Il dépend de la direction des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire. La régularisation d’acquisition du domaine à la famille Blumenthal fut réalisée dans le courant de l’année 1946. Dans l’acte d’acquisition du 24 décembre 1946, il n’est mention d’aucune clause réservant le site à des activités destinées à la jeunesse ou à l’éducation contrairement à ce qui a pu souvent être dit ou écrit.
Grille d’entrée du Val Flory en 1950
Puis l’établissement devint successivement l’Institut national d’éducation populaire en 1953, l’Institut national de la jeunesse en 1987, pour se transformer en 1990 en Institut national de jeunesse et d’éducation populaire (INJEP). En 1974, pour faire face à l’accroissement continu des activités de l’établissement, l’emprise foncière du Val Flory est étendue par l’acquisition de la propriété Bilgten sur la rue Paul Leplat où sont édifiés quatre nouveaux bâtiments dont celui de l’auditorium vers le château et celui réservé aux logements de fonction sur la rue. Dans le même temps, la ville de Marly-le-Roi, sur emprise du Val Flory, construisait la piscine municipale.

Depuis le début des années 1990, beaucoup d’interrogations avaient circulé sur l’avenir du site, sa mise en vente ayant été même envisagé par l’État. Finalement, en 2010, l’INJEP devait quitter son site historique depuis plus de soixante ans pour être relocalisé dans le 13e arrondissement de Paris.

 

Naissance de l’Internat de la Réussite Haut de page

En 2008 sont créés les internats d’excellence qui ont pour vocation « à accueillir les élèves issus des établissements des zones d’éducation prioritaire et des quartiers de la politique de la ville, qui ne disposent pas des conditions matérielles favorables leur permettant d’exprimer tout leur potentiel. Ils doivent permettre à terme d’offrir aux élèves des quartiers de la politique de la ville accueillis un projet éducatif leur donnant les conditions de la réussite scolaire. »

L’Académie de Versailles, avec la libération des locaux du Val Flory, y propose l’installation d’un internat d’excellence dans la partie contemporaine, grâce aussi à un environnement exceptionnel et des équipements collectifs favorables : transports en commun, piscine, stade, gymnases, collège Louis Lumière et lycées pouvant accueillir les internes. La première rentrée a lieu en septembre 2010, dans des conditions précaires, mais à la suite de la rénovation d’une grande partie des bâtiments, le cadre de vie des élèves s’améliore grandement. Depuis son audience ne cesse d’augmenter. Le même site accueille aussi depuis cette rentrée 2013-2014 les cours des élèves de 3ème du collège Louis Lumière de Marly.
Espace vie scolaire des élèves

Dans les parties anciennes de la propriété, château et dépendances sur la rue Pierre Bourdan, on peut trouver actuellement le Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) de l’Académie de Versailles, et sa représentation yvelinoise, la Maison de l’éducation (MDE78).

 

Ainsi, comme le retrace ce rapide historique, le site exceptionnel du Val Flory, tant pour son patrimoine architectural que pour la beauté de son parc, a toujours été un lieu d’échanges intellectuels et sociaux. Ses occupants successifs ont tous œuvré, différemment et utilement, parfois dans des conditions difficiles, pour les connaissances et le bien-être de leurs contemporains. Le domaine a ainsi pu recevoir le qualificatif de « château social » !

 

Bonne lecture et merci à M. des Longchamps de l’association « Le Vieux Marly » pour toutes ces informations !

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